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Les femmes en tech chez Intelcom: une table ronde
Cette année, l’ONU a retenu, comme thème de la Journée internationale des femmes : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». Parmi les nombreuses femmes qui occupent des rôles clés en technologie chez Intelcom, nous en avons réuni cinq pour qu’elles nous livrent la perspective féminine sur ce monde qui a longtemps été très masculin.
Lors de cette table ronde animée par Marie-Chantal Savard, directrice, gouvernance et gestion des systèmes RH, elle et quatre autres femmes membres de nos équipes technologiques nous ont parlé de leur expérience sur le terrain :
- Virginie Bourque, gestionnaire de produit senior
- Lia Chauvel, gestionnaire de produit
- Jennie Jianying Liang, analyste en informatique de gestion
- Françoise Mehanna, gestionnaire TI, système d’information finances.
Qu’est-ce qui vous a incitées à faire carrière dans le domaine de la technologie?
Virginie : J’aime résoudre les problèmes. Quand j’ai entrepris mes études, c’est ce qui me passionnait le plus. Puis je me suis rendu compte que la technologie est le meilleur outil pour résoudre les problèmes.
Lia : J’ai commencé par étudier le génie civil et, en première année, il fallait suivre un cours sur le langage C++. C’est là que j’ai vu qu’avec la programmation, on pouvait résoudre les problèmes facilement et obtenir des résultats instantanément. Je suis passée au génie logiciel.
Jennie : J’avais commencé par étudier la statistique, avec quelques cours en finance. Je suis arrivée comme étudiante étrangère, et parmi les possibilités qui s’offraient à moi, l’informatique était un domaine où mes compétences étaient transférables.
Françoise : Moi aussi, j’ai choisi de faire une majeure en génie à l’université. C’est mon père qui m’a persuadée de me chercher du travail en informatique. Il m’a dit que c’est un domaine prometteur, très axé sur l’innovation, qui me permettrait de me familiariser avec une foule de secteurs d’activité.
Marie-Chantal : Au risque de révéler mon âge, je crois que je suis la seule membre de ce panel à ne pas être une enfant de l’ère numérique. À mes débuts, je concevais et créais des produits physiques et des services. Puis à un certain moment, j’ai constaté que le monde se transformait, qu’il évoluait vers le numérique et la dématérialisation. C’est le fait de voir toutes les possibilités et de savoir que mes connaissances et mes compétences étaient transférables qui m’a motivée et qui m’a incitée à faire le saut du côté du numérique.
Au Canada, les femmes représentent 34 % des personnes titulaires d’un diplôme en STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), mais 23 % seulement des personnes qui œuvrent dans ces domaines. À quoi attribuez-vous cet écart?
Françoise : Les filles et les femmes manquent de modèles dans ce domaine. J’ignore pourquoi, mais dans une certaine mesure, il existe des préjugés sexistes inconscients dans le monde des affaires. Pourtant, les femmes ne cessent de prouver au quotidien qu’elles sont à leur place dans le secteur des technologies.
Lia : C’est un cercle vicieux : on ne pense pas aux femmes dans notre secteur parce que nous ne sommes pas nombreuses. J’ai constaté cela à maintes reprises dans ma carrière. On m’a dit « non » parce qu’on croyait que je serais la seule femme dans un contexte donné et donc que je ne me sentirais pas à ma place.
Jennie : Je dirais que les choses ont évolué, petit à petit. Il y a de plus en plus de filles qui suivent des cours de STIM ou qui s’inscrivent à ces programmes. Les femmes se joignent aux grandes entreprises et assument des rôles d’experte en technologie, de programmeuse, de cheffe de produit… ça continue de changer.
Virginie : Françoise, tu as dit que c’est ton père qui t’a encouragée à te diriger vers la technologie, ç’a aussi été mon cas. Mon père a beau être un homme, mais pour lui le fait que je sois une fille n’était pas un obstacle. Il m’a dit : il y a des possibilités, tu as les capacités, lance-toi!
Françoise : Ce n’est pas facile d’être dans un environnement dominé par les hommes et de devoir faire ses preuves. Les femmes ont de nombreux défis à relever pour prouver qu’elles méritent d’être présentes, de donner leur opinion et d’assumer ces rôles.
Quelles solutions ou quel soutien pouvons-nous offrir aux femmes pour améliorer la situation?
Jennie : J’œuvre comme bénévole dans un groupe qui a pour but d’encourager les filles, surtout les étudiantes étrangères, à se familiariser avec le secteur de la technologie. Récemment, je me suis impliquée un peu plus en produisant des contenus pour les réseaux sociaux. J’espère que notre groupe va aider à démystifier ce secteur pour les jeunes femmes.
Virginie : Je suis d’accord. Si on m’avait demandé, quand j’étais plus jeune, ce que je voulais faire plus tard, quelle carrière je voulais faire, je n’aurais pas pu nommer le travail que je fais actuellement. Je ne savais pas que ça existait! Il y a toute une gamme de rôles très peu connus dans le domaine de la technologie, alors j’aime mettre en valeur la diversité de ces rôles.
Marie-Chantal : Souvent, on associe automatiquement la technologie au codage. Mais il y a beaucoup d’autres possibilités, et toute une gamme de rôles! L’essentiel, c’est d’être présente et de faire partie des réseaux de femmes dans le domaine de la technologie, de manière à créer un cercle vertueux de collaboration et de soutien.
Lia : Il est important d’avoir des programmes de réseautage et de mentorat pour nous permettre de rencontrer des personnes qui vont nous conseiller et nous soutenir dans nos carrières dans le domaine des technologies. Tout au long de ma carrière, j’ai eu des mentors qui m’ont aidée.
Virginie : Je crois que ça s’applique aussi en dehors du monde du travail. Cet écart entre les genres n’existe pas que dans le monde de la technologie. En ce qui concerne mon parcours, j’ai fait beaucoup de sport quand j’étais plus jeune, et c’était déjà confrontant. Je me suis habituée à évoluer dans un monde masculin, alors quand je suis arrivée dans le domaine de la technologie, ce sentiment m’était familier. On trouve ces attitudes partout. Nous devrions encourager les filles à explorer leurs champs d’intérêt, qu’il s’agisse ou non de domaines traditionnellement dominés par les hommes, peu importe : si ça les intéresse, qu’elles s’y consacrent. Si nous développons ce réflexe, il deviendra de plus en plus facile pour les femmes de prendre leur place et d’accueillir d’autres femmes dans ces domaines, et nous finirons par atteindre la parité.
Comment des entreprises comme Intelcom peuvent-elles mettre fin aux inégalités entre les genres dans le domaine numérique?
Virginie : Chez Intelcom, en tant qu’entreprise technologique, nous avons la possibilité d’offrir de la visibilité et d’être des mentores. Cette table ronde, par exemple, c’est l’occasion pour un lecteur ou une lectrice d’apprendre quelque chose. C’est une initiative modeste, qui peut sembler isolée, mais qui peut avoir des retombées importantes.
Françoise : Chez Intelcom, nous pourrions faire plus d’efforts pour mettre en valeur les réalisations des femmes dans le domaine de l’informatique. Chaque jour, nous prouvons la valeur de notre travail. Nous pourrions davantage mettre l’accent sur les réalisations des femmes à cet égard.
Lia : Il est important d’organiser des séances de réseautage afin que tout le monde ait la possibilité de rencontrer des modèles, hommes ou femmes, en milieu de travail. Nous pourrions aussi organiser ces activités dans les universités pour que les étudiantes dans le domaine aient une voie menant directement à Intelcom.
Marie-Chantal : Le fil conducteur, dans tous vos propos, c’est l’importance des réseaux et des communautés professionnelles. Je crois que c’est important de tisser ces liens au sein d’une organisation, mais aussi de former des groupes plus larges, pour pouvoir créer des possibilités de réseautage au féminin.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui veulent faire carrière dans ce domaine?
Jennie : Premièrement, il y a une foule de cours offerts gratuitement en ligne, par exemple ceux d’Amazon (AWS) et de Google, et des programmes très intéressants comme Shebuilds. Initiez-vous à la technologie en suivant quelques cours. Deuxièmement, faites du réseautage dans votre établissement et au-delà. Plusieurs personnes sont disposées à vous aider et à partager leur savoir, il s’agit de faire les premiers pas.
Virginie : Cherchez des mentors. Lorsqu’on est plus jeune, c’est normal d’être timide, mais rappelez-vous que nous sommes toutes et tous passés par là! Et si vous ne connaissez personne, faites des recherches sur LinkedIn pour établir des contacts. N’hésitez pas à demander et n’ayez pas peur d’essuyer un refus. Foncez!
Lia : Assurez-vous aussi de prendre la parole dans tous les contextes : en milieu de travail, dans les réunions, et dans vos cours. Tout cela contribue à la visibilité et à la représentation des femmes.
Marie-Chantal : Il est même important d’apprendre à se « vendre », à ne pas avoir peur de mettre en valeur vos compétences et vos réalisations. Les femmes ont tendance à être plus modestes. Mais il est parfaitement légitime de faire la promotion de vos réalisations, de vos compétences et de votre parcours.
Quel est l’aspect le plus passionnant de votre travail dans le domaine de la technologie?
Françoise : Le plus passionnant, dans ma carrière, c’est d’être en contact avec plusieurs secteurs d’activité. Par exemple, je travaille avec les finances, pour l’aspect des opérations, mais aussi pour ce qui est de l’approvisionnement, de la gestion des actifs et de la paie, et je trouve ça très stimulant. Pour chaque nouveau projet, il y a de nouvelles connaissances à acquérir. C’est ce qui me plaît le plus dans mon rôle.
Jennie : Je suis d’accord avec Françoise. En tant qu’analyste, j’ai aussi la chance d’acquérir de nouvelles connaissances presque tous les jours. Cette possibilité d’apprendre sans cesse est la dimension passionnante de mon travail. Je ne m’ennuie jamais.
Virginie : J’ai l’impression que nous avons la possibilité d’apporter des changements positifs, peut-être pas dans la vie de nos collègues, mais dans leurs méthodes de travail. Je travaille avec le personnel des entrepôts. Il arrive que nous apportions des modifications, pas forcément très complexes, aux systèmes, et qu’on nous dise, « Merci, vous avez changé ma manière de travailler ». C’est très gratifiant. Ça nous donne le sentiment d’être en pleine possession de nos moyens.
Lia : Personnellement, je recherche toujours ce moment où la petite ampoule électrique s’allume. Le moment du déclic, où tout marche comme sur des roulettes.
Françoise : Le plus important, c’est de voir qu’une petite modification peut avoir un impact considérable.
Marie-Chantal : J’adore ça, cette idée d’être un agent de changement.
Virginie : Tout ça est très inspirant! J’ai hâte de retourner au travail!